Risques – Nouvelle-Aquitaine : il y a 4 ans, retour sur les 50 ans du séisme d’Arette (64), témoignage de la menace sismique dans le Sud de la Nouvelle-Aquitaine

Evènements du territoire, Mémoire des évènements, Risques naturels

13/08/2021

Le séisme d’Arette, survenu le 13 août 1967 et dont les commémorations du 50ème anniversaire se sont tenues il y a bientôt 4 ans, est l’événement sismique qui a été ressenti le plus violemment en France métropolitaine depuis celui de Lambesc (Bouches-du-Rhône) en 1909. Perçu dans un large sud-ouest ainsi qu’en Espagne, et à l’origine d’un lourd bilan humain et matériel, il témoigne des risques sismiques sur la partie ouest du massif pyrénéen et ses piedmonts.

D’une magnitude locale estimée à 5,3 sur l’échelle de Richter, ce qui en fait l’une des plus fortes secousses sismique survenues dans le Massif pyrénéen, le séisme d’Arette a été ressenti sur 150 000 km², au-delà même du territoire de l’ancienne Aquitaine (Quercy, Charentes, Toulousain). L’épicentre, d’intensité VII sur l’échelle d’intensité MSK (qui en compte XII), se situe à deux kilomètres environ à l’Ouest du village d’Arette.

 

Carte des effets sismiques du séisme d’Arette du 13 août 1967 © SisFrance

 

Témoignage : « Le 13 août 1967, alors que nous dormions, un bruit sinistre, un grondement sourd, comparable au passage d’un train, nous a réveillés. À l’instant même, une violente secousse ébranlait nos maisons dans un fracas de vibrations, de vaisselle cassée, de chute de pierres, de cheminées crevant les toits, de claquement d’ardoises qui s’entrechoquent, et de murs qui s’abattent. Dans chaque maison, des cris et des appels retentissent. Nous ne réalisons pas. Dans nos lits, nous sommes paralysés par la peur qui nous prend aux jambes et au ventre. Une odeur de poussière règne dans les chambres. La secousse s’arrête mais on entend encore le grondement qui s’éloigne. »

 

Le séisme, dont la première secousse de six secondes environ survient à 23h08 et fait office d’alerte avant une seconde secousse plus violente moins d’une minute plus tard, cause la mort d’une personne et la blessure d’une vingtaine d’habitants du village d’Arette. Les dégâts sont considérables (en lien notamment avec une qualité constructive du bâti assez médiocre), puisque le village détruit à 35% puis rasé à 80% a dû être reconstruit dans sa quasi-totalité. Ils le sont également bien au-delà d’Arette puisque 62 communes seront déclarées sinistrées pour un total de 2283 immeubles atteints dont 340 irréparables.

 

Dommages à Arette « comme un bombardement …» © archives communales d’Arette

 

Dommages occasionnés au clocher d’Arette © archives communales d’Arette

 

Depuis 2014, la CCR (Caisse centrale de Réassurance) et le BRGM travaillent à l’évaluation des coûts engendrés par les séismes couverts par le régime français d’indemnisation des catastrophes naturelles (« régime CatNat »). Le coût des dégâts sur l’habitat et le petit commerce actuels si un séisme identique à celui d’Arette de 1967 se produisait est évalué entre 80 et 130 millions d’euros.

 

Les commémorations des 50 ans de ce séisme se sont tenues du 9 au 14 août 2017, à l’initiative de la mairie d’Arette et des services de l’Etat et avec le concours d’organismes scientifiques et associations impliqués sur la thématique sismique (: EOST, AFPS, PUI, BCSF, BRGM, C-PRIM). Cet événement a été l’occasion de revenir sur cet événement sismique majeur à l’échelle du territoire français métropolitain et de présenter le cadre actuel et les travaux en matière de prévention sismique. Le « programme des 50 ans du séisme d’Arette » comprenait notamment :

  • Une conférence de lancement de ces journées de commémorations, « le Séisme d’Arette, 50 ans déjà », J. Van Der Woerd (chargé de recherches CNRS) : Qu’avons-nous appris depuis cet événement ? Que savons-nous du risque sismique des Pyrénées ? Que pouvons-nous faire pour nous en protéger et diminuer notre exposition ?;
  • Le vernissage de l’exposition « Arette au lendemain du séisme de 1967 » : Plus de 140 photos d’époque, des films projetés en continu, un simulateur sismique à disposition du public ;
  • Des démonstrations par les pompiers de l’Urgence Internationale pour dégager les personnes ensevelies (matériel de percement, caméras, drônes…) ;
  • Des parcours de la reconstruction commentée par des architectes : De l’église, entièrement reconstruite en 1972, aux nombreuses maisons parasismiques construites dans la rue d’Escametch ;
  • Des animations scientifiques, stands et conférences autour de la sismologie ;
  • L’inauguration Place Verdun d’une sculpture bois, mesurant 5 m symbolisant la commémoration des 50 ans du séisme ;
  • Des spectacles théâtraux et sons & lumières en lien avec les commémorations qui ont mobilisé la population.

 

Ce séisme de 1967 rappelle qu’à l’échelle de la France métropolitaine, les Pyrénées-Atlantiques font partie des départements où le risque sismique est le plus important. Cette activité sismique est liée à la présence de nombreuses failles qui jalonnent la structure pyrénéenne, zone de contact tectonique entre la petite plaque ibérique et la plaque européenne au Nord et siège privilégié de la sismicité pyrénéenne. L’activité la plus importante se situe au Nord de la zone axiale dans la partie centrale et occidentale de la chaîne, le long de la Faille Nord pyrénéenne (accident tectonique majeur de la chaîne des Pyrénées). Cette activité apparaît assez régulière dans le temps. Plus d’une trentaine de séismes historiques d’intensité épicentrale supérieure ou égale à VII et 4 séismes d’intensité supérieure ou égale à VIII sont dénombrés. Les événements réputés les plus forts dans cette partie des Pyrénées sont les séismes :

  • du 21 juin 1660 (Io=VIII-IX, région de Bagnères-de-Bigorre),
  • du 24 mai 1750 (Io=VIII, région de Lourdes),
  • du 13 Août 1967 (Io=VIII, région d’Arette),
  • du 19 novembre 1923 (Io=VIII, région du Val d’Aran).

 

Principales failles et épicentres des séismes historiques © Plan Séisme http://www.planseisme.fr/-Massif-Pyreneen-.html

 

Sismicité historique des Pyrénées-Atlantiques © SisFrance – BRGM/EDF/IRSN

 

Béarn et Bigorre constituent ainsi à elles deux les secteurs où se concentrent plus des trois quarts de l’activité sismique des Pyrénées. Bien plus ancien que celui d’Arette, le séisme de Bagnères-de-Bigorre du 21 juin 1660 reste le plus violent jamais vécu dans les Pyrénées françaises (intensité VIII-IX, magnitude voisine de 6,1 sur l’échelle de Richter). Dans les Pyrénées-Atlantiques, des dommages notables ont été à déplorer au-delà de Pau et sur une large partie du Béarn.

 

Carte des effets sismiques du séisme de Bigorre du 21 juin 1660 © SisFrance

 

Cette activité historique justifie le zonage réglementaire en vigueur depuis le 01 mai 2011 et l’aléa moyen à modéré qui affecte la quasi-totalité du département des Pyrénées-Atlantiques (le niveau moyen étant le plus important en France métropolitaine).

 

Aléa sismique sur le territoire de l’ex-Aquitaine

 

La politique de prévention du risque sismique a pour but d’en prévenir et réduire les conséquences potentielles en vue de garantir la sécurité. Elle a été déclinée au niveau national par le cadre d’actions pour la prévention du risque sismique (CAPRIS), diffusé en 2013. Une déclinaison de ce cadre d’actions à l’échelle du massif pyrénéen est en cours de réalisation. Il fixera le cap des actions de prévention à mener sur les territoires prioritaires des départements pyrénéens pour les 6 années à venir. Son approbation finale est prévue fin 2018.