Risques – Nouvelle-Aquitaine : Le littoral rocheux de la côte basque (64) de nouveau sujet aux mouvements de terrain : quatre glissements de terrain se sont produits suite aux fortes pluies de la fin de l’année 2021 sur Guéthary et Saint-Jean-de-Luz (64)

Le glissement de terrain constaté sur le territoire de Guéthary, en partie ouest de la plage d’Harotzen Costa (1) s’est amorcé semble-t-il le 11/12/21 en tête de falaise et a concerné un linéaire de côte estimé à 160 m environ. Il a mobilisé le versant au droit des propriétés de la Muserie et de l’Hermitage. Le phénomène a provoqué localement le recul de la tête de falaise de 3 à 5 m, occasionnant une niche d’arrachement sommitale subverticale d’environ 6 m de haut et remobilisant l’arrachement d’un précédent mouvement de terrain d’ampleur importante survenu en 2004 au droit déjà de la propriété la Muserie. Les premiers constats permettent d’évaluer cette emprise à environ 8000 m².

A la date de la visite de terrain réalisée par le BRGM (17/12/2021), les dégâts constatés se limitent aux désordres sur le sentier des pêcheurs (décrochements bordant le sentier ou traversant celui-ci avec des rejets parfois métriques, bourrelet de pied obstruant le passage en partie basse).

On notera que le versant dominant la plage d’Harotzen Costa a par le passé été l’objet de plusieurs mouvements de terrain d’ampleur variable. Le dernier d’ampleur significative en date a eu lieu à environ 200 m à l’Est du phénomène de décembre 2021, causant des désordres sur l’escalier Harotzen Costa, sur l’ouvrage de descente d’eaux pluviales courant le long de celui-ci, ainsi que sur l’enrochement de haut de plage et sur les parcelles mitoyennes.

En janvier 2021, un nouveau glissement de plus faible ampleur (de 300 m3 à 400 m3) s’était également déclaré à environ 50 m à l’Est du phénomène de décembre 2021.

Trois glissements de terrain sont également survenus à la même période (autour du 11/12/2021) sur la commune de Saint-Jean-de-Luz.

• Le premier s’est déclaré sur le secteur de Lafitenia (2) dans le versant dominant la plage, à une centaine de mètres à l’Est du parking installé en sommet de versant à la jonction Chemin de Chibau Berria et Chemin de Kokotia.

Le phénomène a pris naissance en sommet de versant, depuis lequel il est possible d’observer une niche d’arrachement très redressée trahissant un décrochement vertical de 6 à 7 m environ, sur environ 25 m de largeur. Cette niche d’arrachement fait apparaître des matériaux à forte dominante limono-argileuse (couverture d’altération) et se situe au plus près à environ 4 m de la bordure de chaussée du Chemin de Kokotia et à 10 m environ de la maison Gachucha implantée de l’autre côté de la voirie. La partie basse du versant au droit de la zone touchée montre des traces d’érosion et de glissement. Ce constat peut être généralisé sur la quasi-totalité du linéaire de versant à l’Ouest du poste de secours. L’action des vagues associée à la pluie favorisant l’occurrence de ce type d’instabilités.

A la date de la visite de terrain réalisée par le BRGM (17/12/2021), le sentier littoral qui chemine en courbe de niveau dans le versant, a été emporté sur 20 m de large environ. Le sentier a été fermé par arrêté municipal sur l’ensemble du tronçon empruntant la parcelle BR125.

• Le second glissement de terrain survenu sur le territoire de Saint-Jean-de-Luz s’est déclaré sur le secteur d’Erromardie ouest (3), à quelques dizaines de mètres à l’ouest de la zone de l’émissaire d’eaux pluviales ayant fait l’objet de travaux en 2020. Le glissement de terrain affecte un linéaire de falaise de l’ordre de 25 m environ en partie sommitale dont l’escarpement présente à ce niveau une hauteur avoisinant 20 m.Différents désordres ont été observés en partie sommitale avec des décrochements d’ouverture décimétrique à pluridécimétrique sur toute la largeur de terrain entre la tête de versant et le sentier du littoral, soit jusqu’à une quinzaine de mètres environ. La plate-forme du sentier est elle-même affectée par une fissuration d’ouverture plurimillimétrique à centimétrique sur une largeur de 1 m environ et sur un linéaire de 15 à 20 m.

Le glissement s’inscrit sur un site (falaises de la plage d’Erromardie Ouest) affecté de façon quasi-continue par une activité glissement de terrain d’intensité variable, favorisée par le contexte géomorphologique (fortes pentes, altération marquée des terrains constituant l’ossature de l’escarpement littoral) et par l’attaque des vagues en pied de pente. Cette activité a, il y a quelques années, entraîné la fermeture du sentier littoral au droit du camping le Bord de mer et le gel d’une partie des emplacements du camping. A l’ouest du parking, cette activité a également entraîné, il y a quelques années ,le recul du sentier littoral.

• Enfin, le troisième glissement de terrain survenu à Saint-Jean-de-Luz au début du mois de décembre 2021 s’est déclaré sur le secteur d’Archilua (4) au droit du parcours sportif. Il correspond à une reprise d’activité du glissement qui s’est amorcé en décembre dernier.Le phénomène a connu une réactivation importante sur une emprise sensiblement analogue à celle précédemment constatée. D’un rejet de moins de 1 m il y a un an, l’arrachement principal a nettement rejoué et montre actuellement dans la partie centrale de la zone mobilisée un rejet vertical de 5 à 6 m de hauteur environ. L’emprise précise du glissement reste à délimiter mais concernerait un linéaire de falaise d’au moins 80 m.

Les causes des différents mouvements de terrain sont à rapprocher des caractéristiques géologiques du secteur et des conditions météorologiques défavorables des semaines antérieures, en lien notamment avec les épisodes pluvieux du mois de novembre et du début du mois de décembre. Le poste Météo-France de Socoa fait ainsi état d’un cumul pluviométrique de 225 mm du 1er  au 12 décembre 2021 (dont 139 mm en 72 h, du 07 au 09/12), intervenant après un mois de novembre également fortement pluvieux (cumul mensuel de 313 mm).

Ces phénomènes illustrent la dynamique mouvements de terrain affectant les falaises rocheuses et entraînant un recul du trait de côte, sous l’effet des agents océaniques (impact des vagues) et continentaux (pluies, rejets d’eau en tête de falaise, etc.). Dans son rapport RP-66277-FR[1] daté de 2016, le BRGM a évalué le recul moyen de la côte rocheuse basque à 10 m en moyenne à échéance 2025, et 27 m en moyenne pour 2050.

[1] Bernon, Nicolas ; Mallet, Cyril ; Belon, Rémi ; Hoareau, Anaïs ; Bulteau, Thomas ; Garnier, Christophe (2016) – Observatoire Côte Aquitaine – Caractérisation de l’aléa recul du trait de côte sur le littoral de la côte aquitaine aux horizons 2025 et 2050. Rapport final . BRGM/RP-66277-FR, 99 p., 2 ann.

Pour aller plus loin

• Risques – Nouvelle-Aquitaine : Un éboulement s’est produit sur le territoire de la commune de Biriatou (64), au début du mois de décembre 2021 
• L’observatoire régional des risques Nouvelle-Aquitaine offre la possibilité de visualiser les événements « risques naturels » de Nouvelle-Aquitaine :