Risques – Nouvelle-Aquitaine : 11 ans après, retour sur les inondations sur Bordeaux/Talence (33) de juillet 2013
Evènements du territoire, Mémoire des évènements, Risques naturels
26/07/2021
Dans le cadre l’Observatoire Régional sur les Risques de la Nouvelle Aquitaine (ORRNA), le centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA) a analysé l’évènement du 26/07/2013 sur Bordeaux.
De violents orages de forte intensité ont causé le 26/07/2013 dans le secteur de Bordeaux et Talence des débordements importants consécutifs à une saturation des réseaux d’eaux pluviales et des phénomènes de ruissellement.
Des dégâts relativement importants sont à déplorer sur l’ensemble du territoire impacté.
Localisation et présentation du secteur impacté
Le territoire impacté comprend les communes de Bordeaux (d’une surface de 49,36 Km2 et 250 000 hab) et Talence (d’une surface de 8,35 Km2 et 42 000 hab) qui font partie intégrante de l’agglomération bordelaise, appelée Bordeaux Métropole.
Bordeaux Métropole regroupe 28 communes sur une superficie de 57 000 hectares réparties sur les deux rives de la Garonne. Elle compte actuellement 749 595 habitants autour de sa ville centre, Bordeaux (243 626 habitants).
Contexte hydrologique et pluviométrique du bassin versant
Caractéristiques du bassin versant concerné
Le territoire impacté se trouve dans un bassin versant vulnérable au risque inondation par ruissellement pluvial notamment dû à la conjonction de 3 facteurs :
- Facteur Géographique
L’agglomération bordelaise reçoit en fait les eaux d’un bassin versant de forme hémicycle faisant une surface de 90 000 hectares. Bordeaux dispose d’une topographie en amphithéâtre assez pénalisante avec des terrains à faible pente sur la rive gauche (pentes de 3 mm/m) et une plaine alluviale endiguée par des coteaux qui surplombent le fleuve sur la rive droite (Carte 2 : Topographie de la rive gauche de la Garonne). Bien qu’il y ait quelques collines en rive gauche, l’altitude moyenne de la rive gauche reste faible entre 1 m NGF et 42 m NGF. Ces plaines sont formées de sédiments et le sous-sol est principalement composé de gravier. L’ouest de l’agglomération Bordelaise empiète sur la plaine sableuse des Landes. Les sols y sont plus maigres, perméables à l’eau et stockent facilement la chaleur.
- Facteur Fluvio-Maritime
Autre facteur pénalisant, la Garonne. Dans sa traversée de l’agglomération, le fleuve subit l’influence des marées faisant varier son niveau au maximum de 7 mètres (différence entre les plus hautes marées hautes et les plus basses marées basses) ; ce qui implique une variation d’exutoire importante en cas de pluie. Près de 13 500 hectares, situés en dessous des Plus Hautes Eaux de la Garonne, sont protégés par des digues, ce qui interdit leur assainissement pluvial gravitaire à marée haute.
- Facteur Urbain
L’agglomération Bordelaise est extrêmement étendue avec une densité moyenne très faible (de l’ordre de 11 habitants à l’hectare) et un linéaire de réseaux d’assainissement de plus de 2 800 kilomètres (1 300 km de Réseau Eaux Pluviales, 1 700 de Réseau Eaux Usées et 800 Km de Réseau Unitaire). L’urbanisation s’est développée autour du Port de Bordeaux de façon concentrique depuis la Garonne : l’aire Bordelaise s’est étendue progressivement de la partie avale jusqu’à la partie amont des cours d’eau qui traversent la zone urbaine (Carte 3 : Développement de l’urbanisation sur l’aire Bordelaise).
Les premiers grands ouvrages d’assainissement créés à la fin du 19ème siècle ont donc été très vite saturés du fait de l’urbanisation accélérée des communes périphériques. Cet étalement urbain a donc conduit à un accroissement des contraintes d’assainissement pluvial, notamment avec de fortes imperméabilisations de surfaces et des longueurs de réseaux très importantes.
La pluviométrie
Nous proposons de retenir la commune de Bordeaux située au centre du secteur impacté pour donner un aperçu de la pluviométrie.
Bordeaux possède un climat océanique chaud sans saison sèche (Cfb) selon la classification de Köppen-Geiger. Bordeaux est une ville avec une pluviométrie importante. Même dans le mois le plus sec il y a beaucoup de pluie. Sur l’année, la température moyenne à Bordeaux est de 13.1°C et les précipitations sont en moyenne de 931.8 mm.
A partir des données de la station météorologique de Bordeaux Mérignac, un diagramme climatique est élaboré en faisant apparaitre la pluviométrie et la température annuelle.
La lecture du diagramme montre que :
- concernant les précipitations, le mois de Juillet est le mois le plus sec de l’année avec des hauteurs de pluie moyennes de 54,5 mm. D’autre part, le mois de Septembre est le mois d’une reprise pluviométrique significative (hauteur pluviométrique moyenne de 90 mm). En décembre, les précipitations sont les plus importantes de l’année avec une moyenne de 103 mm.
- concernant les températures, les mois de Juin, Juillet et Août sont les mois les plus chaud. Cette plage de temps correspond à une période où la pluviométrie est la plus faible dans l’année.
Outil de la gestion du risque inondation
Bordeaux Métropole s’appuie sur un certain nombre d’outils réglementaires, afin de lutter au mieux contre le risque inondation dû aux phénomènes de ruissellement :
Évènements historiques passés
Les tableaux suivants dressent la liste des évènements historiques majeurs de crues ainsi que les Arrêtés de catastrophes naturelles identifiés sur les communes de Bordeaux et Talence :
Description des phénomènes du 26/07/2013
Une grosse dépression accompagnée de vents violents et d’orages intenses s’est manifestée en Gironde dans la nuit du 25 au 26 juillet 2013. Le centre de cet épisode orageux a été localisé sur Bordeaux. Il a été relevé à Belin (33) une hauteur de 46,9 mm en 2 heures.
La nuit suivante, des orages encore plus violents que la veille ont éclaté à nouveau de la Gironde au Poitou-Charentes avec de la grêle (taille des grêlons atteignant 2 cm de diamètre à Cestas (33), près de 3 cm à Arcachon (33) et de violentes rafales de vent ont atteint 165 km/h à Pauillac (33). Les pluies ont été très intenses avec en seulement 30 minutes une hauteur 42,1 mm relevée à Mérignac.
L’ensemble du territoire était placé en vigilance orange.
La carte 4 ci-dessous montre la quantité de pluie en 24h entre le 26/07/2013 (06h00) et le 27/07/2013 (06h00).
Des inondations locales très marquées sont à déplorer suite à ces intempéries.
Dommages avérés de l’événement du 26/07/2013
Après ces fortes inondations, le bilan s’avère relativement lourd avec des dégâts assez catastrophiques sur Bordeaux, Talence mais aussi d’autres communes comme Artigues-près-de-Bordeaux.
De nombreux ont été recensés sur le territoire de l’aire Bordelaise. Parmi les dégâts les plus lourds, on peut relever notamment :
- sur Talence, des centaines de caves, garages et maisons qui ont été inondées malgré les dispositions de lutte contre les inondations mises en place depuis les années 80 consistant en une centaine de bassins de rétention des eaux de pluie,
- sur Bordeaux, plusieurs rues du centre qui ont été inondées dont le cours de Verdun qui est une des principales artères du centre-ville retrouvé par endroits sous 50 cm d’eau, également les quais de Paludate, la Gare Saint Jean envahie par les eaux,
- sur Artigues-près-Bordeaux, des maisons fortement endommagées dans lesquelles on constate plus d’un mètre d’eau. Dans la nuit plusieurs personnes ont été évacuées dans la nuit.
Éléments bibliographiques
[1] Étude technico-économique de la gestion des eaux pluviales urbaines et des modalités de son financement / étude de cas sur la Communauté Urbaine de Bordeaux / CEREMA DterSO / Aout 2014
[2] https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Topographie_de_bordeaux.jpg
[3] https://planificateur.a-contresens.net/europe/france/nouvelle_aquitaine/bordeaux/3031582.html
[4] http://www.georisques.gouv.fr
[5] https://www.sudouest.fr/2013/07/27/le-centre-de-bordeaux-sous-les-eaux-1126304-2780.php
[7] http://pluiesextremes.meteo.fr/france-metropole
[8] http://jm33500.canalblog.com/archives/2008/06/05/9482780.html