Risques – Nouvelle-Aquitaine : Instabilités sur les falaises du littoral basque au cours de l’hiver 2017/2018
Evènements du territoire, Mémoire des évènements, Risques naturels
10/12/2023
Les falaises du littoral basque ont été touchées ces dernières semaines par plusieurs mouvements de terrain dont notamment deux phénomènes survenus sur le territoire de Bidart (64). Ces instabilités, au sujet desquelles le BRGM a émis un diagnostic dans le cadre de ses missions pour l’Observatoire de la Côte Aquitaine, témoignent des processus d’érosion et de recul tu trait de côté affectant cette partie du littoral aquitain.
La façade littorale des Pyrénées-Atlantiques se présente essentiellement comme une côte rocheuse dont les caractéristiques géomorphologiques leur confèrent une sensibilité globalement forte selon les secteurs aux différents types de mouvements de terrain (ravinement, glissement de terrain, éboulement). L’historique plus ou moins récent connu fait état de nombreux phénomènes d’ampleur variable, mobilisant des volumes pouvant atteindre plusieurs milliers de m3 à une dizaine de milliers de m3.
Cette activité « mouvement de terrain » est liée à différents facteurs / mécanismes que sont notamment :
- les caractéristiques géologiques (falaises constituées de roches compactes ou de matériaux meubles, densité de fracturation, etc.) et morphologiques (hauteur de falaises atteignant jusqu’à 70 m, pentes souvent abruptes) ;
- les facteurs d’érosion marine (impact de la houle sur la plage et sur la partie basse de la falaise) et continentale (action des eaux de ruissellement superficiel et des eaux souterraines) ;
- les facteurs aggravants ou de déclenchement que sont en premier lieu les précipitations, l’action des vagues, potentiellement les activités anthropiques (rejets d’eau, terrassements, etc.).
Les fortes pluies qui ont touchées le Pays basque depuis l’automne 2017 ont été directement à l’origine, sur le littoral de la commune de Bidart, de deux événements remarquables au regard de leur intensité et en comparaison avec les phénomènes de référence connus sur les falaises des Pyrénées-Atlantiques.
Sur le secteur d’Erretegia nord, une instabilité est survenue les 30 octobre et 1er décembre 2017, mobilisant un linéaire de côte de l’ordre de 170 m. La falaise présente sur la zone touchée une hauteur comprise entre 20 m et 70 m environ. Dans la partie centrale du mouvement de terrain, les bancs calcaires en partie basse de falaise (près de 30 m de hauteur) forment un escarpement quasi-vertical, tandis que les terrains sus-jacents et jusqu’en sommet de falaise présentent des pentes également fortes, globalement comprises entre 40° et près de 60°.
En sommet de falaise, l’instabilité a entrainé un recul de l’ordre de 3-4 m. Une niche d’arrachement de 2 à 4 m de hauteur est visible sur une grande partie de la zone de falaise affectée par l’événement. En partie nord de celle-ci, de nombreuses déformations typiques de zones de glissement sont observables (cicatrices d’arrachements « franches », déformations « souples » type bombements, etc).
L’occurrence de cet événement a été favorisée par les fortes pentes de la falaise et la nature des matériaux la constituant (roche très fracturée en partie inférieure, matériaux argileux en partie haute). Les conditions de mer (sans caractère « anormal » pour le secteur et la période de l’année) n’ont probablement pas eu d’effet direct sur son déclenchement. A contrario, les pluies marquées du mois de novembre 2017 (mise en charge des fractures de la roche, saturation des niveaux argileux) ont été selon toute vraisemblance le déclencheur. Selon le site Météo Ciel (http://www.meteociel.fr/), le cumul pluviométrique sur le poste de Biarritz est de 59 mm du 28 au 30/11 et de 25 mm pour la seule journée du 30/10 (jour de la rupture).
En partie nord de la plage du centre de Bidart (700 m environ au Sud du site précédent), un vaste glissement de terrain profond s’est déclaré semble-t-il aux premiers jours de janvier 2018 et s’est prolongé sur au moins plusieurs jours, affectant une superficie évaluée à environ 6500 m² et causant des désordres aux aménagements situés en haut de plage : enrochements de sommet de plage, plate-forme d’atterrissage pour hélicoptère, cale d’accès à l’estran notamment.
Le phénomène est en premier lieu lié à la nature des matériaux en présence (de constitution fortement argileuse) et aux fortes précipitations survenues au cours des semaines précédant la rupture. D’après le site Météo Ciel (http://www.meteociel.fr/), il est tombé sur le poste de Biarritz 217 mm au cours du mois de décembre 2017 dont plus de 70 mm la dernière semaine, et 302,3 mm en Janvier 2018 dont 213 mm au cours des 15 premiers jours.
Ces cumuls mensuels sont significativement supérieurs aux normales enregistrées sur Biarritz sur la période 1981-2010, respectivement de 150,4 mm et 128,8 mm pour décembre et janvier. Décembre 2017 a été le deuxième mois de décembre le plus pluvieux enregistré sur Biarritz depuis 1990.
Des cumuls remarquables de 60,7 mm et de 72,2 mm ont été respectivement relevés sur les périodes du 25 au 28 décembre (96 h) et du 05 au 06 janvier (48h)