Témoignage d’une commune de Nouvelle-Aquitaine sur le suivi et la mise en œuvre de son PCS

PCS

02/03/2020

La Loi 2004-811 du 13 août 2004 relative à la modernisation de la sécurité civile définit dans son article 13 le Plan Communal de Sauvegarde (PCS). Le décret n° 2005-1156 du 13 septembre 2005 stipule que le PCS s’intègre dans l’organisation générale des secours : il constitue un outil complémentaire au dispositif ORSEC (Organisation de la Réponse de Sécurité Civile, sous l’autorité du préfet) pour aider le Maire à apporter une réponse de proximité à tout événement de sécurité civile. Il ne concerne que les mesures de sauvegarde de la population, à l’exclusion de toutes missions opérationnelles relevant du secours. Ce document est arrêté et mis en œuvre par le Maire et transmis au Préfet du département.

L’ORRNA, grâce à la Préfecture de la Dordogne, a interviewé la commune de Terrasson-Lavilledieu sur son PCS. L’ORRNA tient à remercier la Préfecture de la Dordogne et la commune de Terrasson-Lavilledieu (M Jean Bousquet, adjoint au Maire et Mme Nadine Robin, directrice générale des services) pour ce partage d’expérience qui pourra être utile, en particulier, à d’autres collectivités.

Le présent entretien est tourné autour du volet inondation du PCS.

 

Entretien avec la commune de Terrasson Lavilledieu (novembre 2019)


ORRNA : Vous avez souhaité garder un PCS simple, avec des annexes thématiques, pour qu’il soit lisible par tous et pratique à utiliser. Pouvez-vous nous décrire l’architecture de votre document ?

Commune de Terrasson-Lavilledieu : En effet, les annexes sont tout simplement dans un épais classeur, comportant une architecture constante :

Partie A : répertoires téléphoniques
Partie B : les plans
Partie C : la liste des véhicules et matériels
Partie D : la liste de bâtiments communaux
Partie E : la liste des moyens des entreprises qui pourraient être utiles en cas de besoin ou de réquisition
Partie F : les autres documents utiles en situation de crise (exemple de message d’alerte et de conseils de comportement, fiches procédures, modèles d’arrêté, tableau de recensement de Personnes sinistrées, informations générales sur les cat-nat,…)

Au-delà du document papier, l’ensemble de ces éléments sont également mis à disposition sur clé USB au cabinet du Maire, au Directeur et Directeur adjoint des services techniques, au Chef de service de la Police Municipale.


ORRNA : Pouvez-vous nous parler du volet cartographique ?

Commune de Terrasson-Lavilledieu : Nous avons compilé plusieurs types de plans pouvant être utiles lors de notre gestion de crise. On peut citer par exemple :

  • le plan de la commune et le nombre d’habitants par sectorisation sur la base du dernier recensement de population (habitants, habitations, résidences secondaires, logements vacants, logements occasionnels)
  • les cartes de zones d’inondation potentielle : pour une hauteur d’eau prévue à la station amont de Larche. La carte représente l’extension de l’inondation.
  • la carte de sectorisation des interventions des Pompiers en cas d’inondation
  • la carte des zones submergées en cas de rupture du barrage de Monceaux la Virolle
  • les extraits cartographiques du PPRI (Plan de Prévention des Risques Inondation)

 

Illustration 1 – Extrait d’une carte de Zones d’Inondation Potentielle


ORRNA : A la lecture du PCS, on voit qu’il s’est enrichi des expériences du passé, pouvez-vous nous présenter quelques exemples ?

Commune de Terrasson-Lavilledieu : Nous avons en particulier complété notre équipement pour améliorer encore la gestion de crise. Par exemple :

  • nous avons signé, avec la Préfecture, une convention d’installation de la sirène SAIP (système d’alerte et d’information des populations) tout en conservant notre sirène communale. Nous faisons un essai simultané de fonctionnement tous les 1ers mercredis de chaque mois ;
  • nous avons équipé le nouveau véhicule de Police Municipale de haut-parleur. Les moyens d’information mobile ne sont pas à négliger : ils sont complémentaires aux sirènes.
  • nous avons équipé la salle de crise d’un vidéoprojecteur. Cela a par exemple permis, en crise, de visualiser en direct les images du drone des Pompiers sur les zones rurales. Ces informations sont très précieuses. Notre salle de crise est d’ailleurs libre d’accès aux autres services de gestion de crise (Pompiers, Gendarmerie,…). Une unité de lieu définie est un vrai plus pour la coordination en gestion de crise.
  • nous avons acheté une échelle limnimétrique en remplacement de l’ancienne.


ORRNA: Concernant les inondations, quels sont vos moyens de surveillance ? Quels outils utilisez-vous pour estimer les risques sur votre territoire ?

Commune de Terrasson-Lavilledieu : Nous utilisons le site Vigicrues. Nous surveillons l’évolution de la station de Larche sur la Vézère, en amont de notre territoire et en parallèle la météo sur la Corrèze, le Massif Central et les stations en amont de celle de Larche.
Nous utilisons également une échelle limnimétrique sur le Pont Neuf de la ville. Elle va être remplacée et équipée d’un système automatisé d’alerte à des numéros téléphoniques pré-enregistrés. L’objectif est que quand une certaine hauteur d’eau est atteinte au droit de notre commune, nous recevions automatiquement une alerte.

Illustration 2 – Quelques dispositifs d’anticipation disponibles (extrait du guide PCS – comment préparer sa commune face aux inondations – Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion des Crises)


ORRNA : Quelle connaissance avez-vous des enjeux et de leur vulnérabilité pour votre territoire ?

Commune de Terrasson-Lavilledieu : A la demande de la Préfecture, le service de Police municipale avait réalisé en septembre 2007 un tableau de vulnérabilité et des enjeux. Ce document est mis à jour.

Ce recensement concerne les établissements recevant du Public, les installations sensibles, les zones d’habitations, les Administrations impliquées dans l’assistance aux Personnes.

Pour chaque enjeu, il est par exemple indiqué l’effectif à évacuer, le niveau de vulnérabilité, les difficultés d’évacuation…


ORRNA : Sur le sujet de la communication auprès des habitants, vous citez plusieurs modes de diffusion en fonction du niveau de risque. Vous évoquez les appels téléphoniques, les véhicules de la police municipale (dotés de haut-parleurs) et enfin les sirènes. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Commune de Terrasson-Lavilledieu : Dès l’activation de la cellule de crise par le Maire ou son représentant, les appels téléphoniques sont effectués dans les premiers quartiers touchés. Le véhicule de la Police Municipale circule également dans ces premiers quartiers touchés pour diffuser les messages d’information.

Le dispositif s’élargit au fur et à mesure de l’extension des zones inondées.

La sirène municipale est déclenchée après accord du Maire ou de son représentant selon des seuils définis dans le Plan Communal de Sauvegarde.

Illustration 3 – L’importance de l’anticipation dans l’information et l’action (extrait du guide PCS – comment préparer sa commune face aux inondations – Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion des Crises)


ORRNA : Pour les inondations, comment avez-vous calé vos seuils d’alerte à la population ?

Commune de Terrasson-Lavilledieu : Les seuils ont été fixés en étroite collaboration avec les Pompiers, et par expérience, à partir des observations lors des inondations antérieures.


ORRNA : Des points de rassemblement sont utilisés lors des évacuations. Comment faites-vous pour que les points de rassemblement soient les mieux connus possible par la population ?

Commune de Terrasson-Lavilledieu : Nous avons déterminé 2 points de rassemblement, 1 côté rive droite, 1 côté rive gauche. Il s’agit de disposer d’espace suffisant pour recenser, réorienter, accueillir les Personnes qui seraient sans solution.
Ces 2 points de rassemblement sont indiqués dans le DICRIM (Document d’Information Communal sur les Risques Majeurs) et porté à la connaissance du plus grand nombre par le bulletin municipal (publication Terre d’Action du premier trimestre 2019)


ORRNA : Avez-vous des relations avec la préfecture pendant la crise ? Si oui, pouvez-vous nous en dire plus ?

Commune de Terrasson-Lavilledieu : Sur chaque inondation, nous avons eu des contacts avec la Préfecture. C’est souvent la Préfecture qui est à l’origine de l’appel. Nous remontons les informations du terrain et nous pouvons avoir un soutien si une difficulté se présente.
Lors des inondations de début 2018, nous avons eu une panne de la sirène municipale. Nous avons aussitôt contacté la Préfecture : la sirène SAIP (système d’alerte et d’information des populations) a pris le relais.


ORRNA : En amont de la crise, avez-vous des relations avec les services de l’État ? Qu’en attendez-vous ? En quoi ces relations peuvent vous aider à mieux préparer la gestion de crise ?

Commune de Terrasson-Lavilledieu : En dehors des crises, nous n’hésitons pas à échanger avec les services de l’État qu’il s’agisse de notre Plan Communal de Sauvegarde, de notre Document d’Information Communal sur les Risques Majeurs, du fonctionnement de la sirène SAIP (système d’alerte et d’information des populations) ou de toute autre question de sécurité. Nous les sollicitons pour un soutien technique : c’est important et plus sécurisant pour tout le monde.
Nous sommes également intéressés à participer à des exercices organisés à l’échelle de bassin et qui simulent des crues et nécessitent l’activation des plans communaux de sauvegarde. Cela permet de tester notre organisation, nos réflexes et d’apporter éventuellement des améliorations (ex : exercice du 15 novembre 2013 sans implication de la Population).


ORRNA : Pour finir, quels conseils donneriez-vous aux collectivités qui se lancent dans une mise à jour de leur PCS ?

Commune de Terrasson-Lavilledieu : Penser simple. Faire preuve de bon sens. Travailler en concertation avec les Pompiers, la Gendarmerie, les services de l’État.
En interne à la Commune, il est vraiment intéressant de faire appel aux compétences existantes lors des crises. Pour cela, il faut bien sûr avoir identifié en amont ces Personnes ressources.
Il faut aussi penser à ne pas négliger de faire un retour d’expérience après chaque événement : une fois les faiblesses identifiées, on peut imaginer des solutions.

 

Pour finir, quelques mots avec la Préfecture de la Dordogne (novembre 2019) :


ORRNA : Comment voyez-vous le rôle de l’État sur le thème des PCS ?

Préfecture de la Dordogne : L’État est présent pour partager par exemple les données clés en matière de connaissance de risques, de dispositifs de connaissance et d’alerte.
La préfecture (SIDPC) peut également conseiller dans la stucturation du PCS.
Il faut privilégier les documents simples et très opérationnels.

Le nouveau guide «  PCS – comment préparer sa commune face aux inondations » de Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion des Crises est un support précieux.
Il contient notamment une grille qui permet d’auto-évaluer son PCS. Le contenu du PCS peut alors être ajusté en fonction des éventuelles faiblesses détectées.