Risques – Nouvelle-Aquitaine : Lancement en 2021 d’un état des lieux de la problématique mouvement de terrain à l’échelle du Département de la Dordogne

Mouvements de terrain

01/10/2021

La Direction Départementale des Territoires de la Dordogne et le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) ont signé en cours d’année 2021 une convention de partenariat pour la réalisation d’une cartographie départementale des aléas mouvements de terrain de la Dordogne.

Le territoire de la Dordogne est caractérisé par un contexte géologique et géomorphologique favorable à la survenue de mouvements de terrain d’ampleur variable, favorisée par une topographie souvent marquée et par la présence de certaines formations géologiques présentant une sensibilité marquée à ce type d’événements. Les effondrements de terrain survenus le 10/09/2021 sur la commune de Sarlat-la-Canéda, suite à de fortes pluies, l’ont rappelé encore très récemment. Dans un passé plus ou moins récent, d’événements récurrents parfois tragiques ont également marqué le territoire.

 

L’événement historique survenu à La Roche Gageac en 1957 (5 000 m3 de roche mobilisés et 3 décès), comme les événements récents de Couze-et-Saint-Front en 2018, Castelnau-la-Chapelle et Peyzac-le-Moustier en 2019 rappellent la menace liée aux instabilités rocheuses (cf. images ci-après).

Figure 1 : Éboulement survenu en 1957 sur la commune de La Roque Gageac (© https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/dordogne/roque-gageac-60-ans-plus-tard-drame-toujours-memoires-1175683.html)

 

Figure 2 : Véhicule percuté par la chute d’un bloc le 03/12/18 à Couze-et-Saint-Front (© Anne-Marie Sopkowitz ; https://www.sudouest.fr/2018/12/04/un-rocher-se-detache-et-s-ecrase-sur-son-capot-5624156-1812.php)

 

Figure 3 : Éboulement survenu à Castelnaud-la-Chapelle le 12/06/2019 (©DR, https://veritebeynac.fr/risque-falaise-2/)

 

Figure 4 : Éboulement survenu à Peyzac-le-Moustier, près de la Roque-Saint-Christophe, le 28/11/2019 (© BRGM)

 

L’événement historique survenu à Chancelade en 1885, comme l’événement récent d’Anlhiac de février 2021 rappellent quant à eux la menace liée aux effondrements de terrain, en lien avec la présence de vides dans le sous-sol.

Figure 5 : Effondrement survenu à Anlhiac le février 2021 (© Michel Pitout, https://www.sudouest.fr/dordogne/anlhiac/dordogne-un-enorme-trou-cree-la-surprise-a-anlhiac-1430739.php)

 

Tous ces phénomènes sont à des degrés divers sensibles aux agents météorologiques. Ils verront vraisemblablement leur dynamique impactée au cours des décennies à venir et de façon, plus ou moins marquée, par les modifications du climat.

 

Les principes majeurs de cette cartographie départementale des aléas mouvements de terrain (prévue à l’échelle 1/50 000) consistent à hiérarchiser l’aléa en fonction de son intensité et de sa probabilité d’occurrence. L’évaluation ultérieure du risque – résultats de la prise en compte croisée de l’aléa et de la vulnérabilité des enjeux – et le développement d’actions pour le réduire aboutissent à une gestion efficace des zones concernées.

Cette cartographie sera directement valorisable par les Services de l’État, par exemple pour la constitution des « Porter à Connaissance » communaux et pour la mise en œuvre d’actions préventives et d’actions de communication sur ces phénomènes. Elle permettra également de disposer d’une vision d’ensemble des différentes problématiques mouvement de terrain à l’échelle du territoire départemental, et ainsi de pouvoir prioriser la mise en œuvre d’actions préventives sur les infrastructures et autres enjeux en concertation avec les maîtres d’ouvrage ou gestionnaires concernés

 

Les grands types (ou familles) de phénomènes pris en compte dans cette étude et qui seront qualifiés suivant leur intensité, sont :

  • les glissements de terrain ;
  • les chutes de blocs et éboulements rocheux ;
  • les affaissements et effondrements de terrain, qu’ils soient liés à la présence de cavités d’origine naturelle ou anthropique (hors mines).

L’étude sera notamment basée sur une actualisation et un enrichissement des inventaires mouvements de terrain et cavités accessibles sur le site https://www.georisques.gouv.fr/

 

À ce jour (cf figure 6), 232 des 505 communes du Département sont concernées par un ou plusieurs phénomènes de mouvement de terrain, selon les données de la base nationale BDMVT :

  • 69 communes sont concernées par au moins un phénomène connu et bancarisé de glissement de terrain ;
  • 58 communes sont concernées par au moins un phénomène connu et bancarisé de chutes de blocs ou éboulement ;
  • 134 communes sont concernées par au moins un phénomène connu et bancarisé de type affaissement / effondrement de terrain ;
  • Sur 41 communes, le nombre de mouvements de terrain connus et répertoriés est de 5 ou plus (nombre supérieur ou égal à 10 mouvements de terrain pour 6 communes) ;
  • Sur la commune de Château-l’Evêque, 45 mouvements de terrain sont répertoriés dont 44 phénomènes d’affaissement / effondrement ;
  • Au total sur le département, 697 mouvements de terrain sont répertoriés dans la base de données, dont 90 chutes de blocs / éboulements, 118 glissements de terrain et 334 affaissements / effondrements de terrain (soit 542 pour ces 3 familles de mouvements);

 

Les données de la base BDCavité font quant-à-elles apparaître que :

  • Sur 488 des 505 communes du département, au moins une cavité (quel qu’en soit le type) est répertoriée ;
  • 8923 cavités sont répertoriées au total, dont 7651 d’origine naturelle, trahissant le potentiel karstique important d’une large partie du territoire.

Cet enrichissement des inventaires, réalisé notamment par un travail d’enquête auprès des communes et autres acteurs locaux susceptibles de disposer d’informations, permettra de fiabiliser la cartographie produite.

Figure 6 : Extraits des bases de données nationales des mouvements de terrain (BDMVT, Glissement (1), Éboulement (2), Coulée (3) Effondrement (4), Érosion de berges (5), à droite) et des cavités souterraines (BDCavités, à gauche) (©BRGM)

 

Le programme de travail, qui outre le travail d’enquête et de collecte événementiel, fera une large part au travail de terrain au cours de l’année 2022, est prévu sur une période de 20 mois.