Risques – Nouvelle-Aquitaine - La Corniche basque à Urrugne (64) impactée par un glissement de terrain

Données, Evènements du territoire, Evolution trait de côte

01/12/2020

Le sentier du littoral qui chemine en tête de la célèbre Corniche basque entre la baie de Saint-Jean-de-Luz et Hendaye a été emporté sur plusieurs dizaines de mètres par un glissement de terrain, le 29 octobre 2020.

Figure 1 : Localisation de l’éboulement du 29 octobre 2020 à l’ouest de la crique des Viviers basques (fond de carte IGN, scan25 ; https://www.geoportail.gouv.fr/)

Le jeudi 29 octobre 2020 vers 16h, un éboulement de falaise s’est produit, au droit du parking, à l’ouest du lieu-dit les Viviers basques à Urrugne (Figure 1, balise orange, latitude : 43,386685°N ; longitude : -1.715721°W). Malgré l’affluence de touristes venus tout au long de la journée, pour observer la vague Belhara depuis ce belvédère, aucune victime n’est à déplorer ; seule la plate-forme du sentier du littoral a été impactée.

Des images aériennes ont été prises par un pilote drone amateur présent sur site au moment de l’événement. Ces images, ainsi que les photographies antérieures disponibles sur le site, ont pu être exploitées par photogrammétrie de façon à extraire le relief 3D de la falaise, comprendre la dynamique du mouvement de terrain et estimer le volume mobilisé (figure 2).

Figure 2 : Reconstruction 3D de la falaise d’Urrugne ; cliché du haut :  avant éboulement, le 08 juin 2019 (©Observatoire de la Côte Aquitaine, Olivier Chaldebas, ULM Sud Bassin ; traitement photogrammétrique : T. Dewez, BRGM) ; cliché du bas : après éboulement le 29 octobre 2020 entre 17h30 et 17h41 (©Y. Comte, traitement photogrammétrique : T. Dewez, BRGM)

L’instabilité survenue le 29 octobre après-midi, de type ″glissement banc sur banc″ (ou glissement plan) a concerné une zone trapézoïdale de 58 m de largeur et de 33 m de longueur, soit une surface de l’ordre de 1 500 m². L’épaisseur du banc rocheux mobilisé est d’environ 0,60 m. Le volume de l’éboulement initial est ainsi évalué à 900 m3 environ. En tête de falaise, la végétation bordant le sentier, côté mer, ainsi qu’une portion du sentier, ont été emportées par le départ de la dalle de roche.

Figure 3 : vue le 29/10/20 depuis le sentier du littoral de la surface de rupture et du banc glissé démantelé (cliché Communauté d’Agglomération Pays basque)

Le phénomène s’est poursuivi quelques jours plus tard : un banc calcaire de 0,30 m à 0,40 m d’épaisseur, situé sous la masse mobilisée le 29 octobre, a glissé semble-t-il sur toute la largeur du décrochement initial (soit plus de 50 m), au contact de niveaux argileux gris sombre. Par ailleurs, à l’Est de la zone touchée, une dalle calcaire de 0,60 m d’épaisseur environ, à la base des dalles ayant déjà glissées, s’est également décrochée, impactant le sentier du littoral sur une vingtaine de mètres supplémentaires.

Au total, l’événement a mobilisé une épaisseur de roches estimée à 1,50 m environ, et un volume total compris 2 000 m3 et 2 500 m3 (figures 4 à 6).

Figure 4 : vue latérale de la zone impactée (cliché BRGM, datés du 6 novembre 2020).

Figure 5 : vue aérienne oblique de la zone impactée (©Observatoire de la Côte Aquitaine, 2020)

Figure 6 : vue aérienne de la zone impactée, identification du tronçon de sentier littoral touché (©Observatoire de la Côte Aquitaine, 2020)

D’après le diagnostic réalisé par l’Observatoire de la Côte Aquitaine, sollicité par la Communauté d’Agglomération Pays Basque pour émettre un avis technique, l’instabilité trouve son origine probable dans plusieurs facteurs de prédisposition et/ou aggravants, notamment :

  • un sous-cavage important, en pied de falaise ;
  • une dégradation de la dalle qui soutenait la falaise ;
  • une fragilité des interbancs argilo-marneux, liée à la pluviométrie des jours précédents ;
  • une falaise compartimentée par des discontinuités tectoniques ;
  • et un épisode de fortes vagues, en pied de falaise.

 

La CAPB mettra en œuvre dans les prochains jours, selon les recommandations du BRGM/OCA, un suivi sur le secteur qui se déclinera en différents levés topographiques par drone pour disposer d’une vision globale de la situation et en un suivi journalier de cibles au sol.

Cet événement illustre la dynamique des mouvements de terrain susceptible d’affecter les falaises de la Corniche basque sur l’ensemble de son linéaire entre Socoa (Ciboure) et Hendaye et menaçant de façon plus ou moins prégnante (et à plus ou moins court terme) le sentier littoral et la route de la Corniche.

Pour aller plus loin:

http://www.observatoire-cote-aquitaine.fr/-Actualites-

L’observatoire régional des risques Nouvelle-Aquitaine offre possibilité de visualiser les événements « risques naturels » de Nouvelle-Aquitaine :